Notre plan d’aménagement se contente de définir un ensemble d’îlots que dessinent les invariants urbains que nous avons su identifier et organiser. Ces îlots ne sont pas allotis mais à lotir. Ce sont les groupes de projet défini par les voisinées qui en auront la charge. Chaque îlot est suffisamment grand pour recevoir autant de parcelles que d’acquéreurs participant au groupe de projet, ainsi qu’une surface en plus, à partager.
Cet espace collectif est à l’image du jeu que nous souhaitons introduire dans les procédures classiques de planification : c’est lui qui autorise la libre distribution des parcelles à l’intérieur de l’îlot, selon des configurations diverses et variées. Pourront également être négociés, y compris avec les riverains participants au groupe : les questions de partage d’énergie, d’implantation du bâti, d’accès aux parcelles, de plantations, et bien sûr d’usage de l’espace collectif.
Les voisinées constituent donc une véritable étape de définition collective de l’opération, entre d’un côté le plan d’aménagement concerté avec les pouvoirs publics, et de l’autre les projets individuels de chaque acquéreur. Introduire le presque déplace les habitudes de conception pour les resituer au cœur du projet.
Entre une position à l’aplomb depuis laquelle on manipule de simples échelles de représentation, et à l’extrême opposé du projet une position souvent inconfortable de correcteur de plans de maison, nous préférons celle que ménage le presqu’îlotage : en prise directe à la fois avec le politique, le particulier et le constructeur, pas seulement devant l’un et derrière les autres.
Ainsi le plan de masse est comme la carte de cet archipel, où chaque îlet est un espace négocié entre pouvoir public et propriétaires privés (ou bailleur social) et aussi un espace partagé entre résidents et riverains, quand le montage opérationnel en constitue en quelque sorte la sédimentation.
Choisir, faire le choix, de ne pas simplement construire dans le monde réel le double d’une image figée, mais au contraire de lier son sort à un mode d’emploi, c’est reconnaître que les moyens sont plus importants que la fin, c’est aussi et surtout accepter qu’une certaine forme d’indétermination est la seule et unique garantie qu’un projet puisse être partagé. Et c’est dans ce partage, précisément, que les représentations accèdent à une forme de communauté de bien.